Vous aimez Rem Koolhaas, vous aimerez Rotterdam

LA LISTE DE LA MATINALE
Natif de la deuxième ville des Pays-Bas, le célèbre architecte, urbaniste et penseur Rem Koolhaas y exerce toujours au sein de l’Office for Metropolitan Architecture (OMA), son agence fondée en 1975. Bâtisseur du polyèdre stupéfiant de la bibliothèque de Seattle, du gigantesque portique de la télévision chinoise CCTV, à Pékin, ou, plus récemment, de Lafayette Anticipations, à Paris, il a laissé quelques témoignages de son art dans cette ville portuaire en grande partie reconstruite après-guerre.
Son premier bâtiment majeur est le Kunsthal, conçu en 1992 pour accueillir à la fois des expositions et des événements. Des rampes d’accès traversent le parallélépipède posé le long d’une avenue très fréquentée. A l’intérieur de l’édifice, les visiteurs qui entrent ou sortent du bâtiment semblent émaner de différentes dimensions. Le Kunsthal épouse la pente qui emmène au Museumpark, également pensé par Rem Koolhaas. C’est le lieu d’une promenade qui guide vers d’autres institutions culturelles telles que le Nieuwe Instituut (architecture, design et numérique), la saisissante villa fonctionnaliste de la famille Sonneveld ou le pot de fleurs miroitant qui renferme les œuvres du Musée Boijmans van Beuningen, actuellement en travaux : prisé des touristes, le Depot a été imaginé par l’agence MVRDV dirigée par Winy Maas, ancien collaborateur de l’OMA.
« Cette ville est intéressante, car son centre est plus jeune que sa périphérie », énonce Rem Koolhaas. A partir du cratère de 3 kilomètres de côté laissé par les bombardements allemands puis alliés, il a fallu imaginer une nouvelle métropole. L’un des architectes phares de cette période est Huig Maaskant (1907-1977), très apprécié par Rem Koolhaas. « Nos premiers bureaux étaient situés dans son Groot Handelsgebouw », un bâtiment à la fois brutaliste et raffiné, lui aussi traversé par une rampe pour les livraisons, devenue un jardin public. « Les espaces de Maaskant sont généreux et ouverts », comme Rotterdam, dont Koolhaas salue l’« absence de prétention » et la tolérance vis-à-vis des 170 nationalités qui la composent.
Près de la mairie, l’architecte et son associé Reinier de Graaf ont cousu en 2015 de nouveaux éléments sur le Timmerhuis des années 1950. Surnommée « le nuage », l’addition translucide est composée d’unités de base carrées qui, agglutinées, évoquent un Tetris en 3D. En traversant la Nouvelle Meuse par le pont Erasme, on atteint alors De Rotterdam, l’un des plus hauts buildings du pays. Tel un idéogramme, il associe trois tours grises aux lignes brisées. C’est comme si on avait posé, en équilibre instable, des boîtes les unes sur les autres.
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